Accaparement de terres au Sénégal: Communiqué du CNCR à propos des événements à Fanaye
Dakar, le 27 octobre 2011
Plus d’information sur: http://www.cncr.org
Au nom de ses membres et de tous les ruraux du Sénégal, le Conseil National de Concertation et de Coopération des Ruraux (CNCR) exprime sa profonde tristesse suite aux événements survenus à Fanaye le 26 octobre 2011. Dans cette tragique épreuve, nous présentons nos sincères condoléances aux familles touchées par les décès et témoignons aux blessés dans les affrontements ainsi qu’à leurs proches toute notre compassion et notre solidarité.
Le CNCR est conscient de la sensibilité de la question foncière au Sénégal et demeure convaincu que les problèmes qu’elle pose ne sauraient se régler par la multiplication des affrontements au sein même de nos communautés locales.
C’est pourquoi, nous appelons l’État et les collectivités locales qui ont la charge de la gestion du foncier à éviter les décisions non concertées pouvant entrainer la discorde au sein des populations rurales.
A ces dernières, nous demandons de recourir à la loi pour contester toute décision jugée inéquitable et infondée. Dans cette démarche qui bannit la violence, le CNCR sera toujours à leurs côtés pour la défense des intérêts des exploitations agricoles familiales et de toutes les populations rurales.
Le CNCR rappelle, que c’est à son initiative et par la mobilisation des forces vives du monde rural que le volet foncier extrêmement litigieux proposé en 2003 a finalement été retiré de la Loi d’orientation agro-sylvo-pastorale (LOASP promulguée en 2004. L’Etat s’était alors engagé à poursuivre et à faire aboutir une réforme foncière consensuelle dans un délai de 2 ans.
En dépit de cette volonté pacifique de traiter équitablement la question foncière, un nouveau projet de texte qui visait à créer de vastes zones d’investissements intensifs en immatriculant les terres au nom de l’Etat a été, en 2008, introduit par le Gouvernement du Sénégal. Le projet de texte stipulait que ces terres devaient être cédées à titre de bail, droit de superficie ou titre foncier, uniquement à des investisseurs capables de les mettre en valeur suivant un modèle d’entreprenariat agricole ou d’agrobusiness. Ce qui excluait forcément les exploitations agricoles familiales.
Cette vision du foncier nous a paru en divergence profonde avec la conception du développement agricole et rural telle que proposée dans la loi d’orientation agro-sylvo-pastorale (LOASP). C’est pour toutes ces raisons que le CNCR a vivement manifesté aux autorités son opposition à ce projet de texte.
Enfin, le CNCR souligne qu’il travaille actuellement à l’actualisation des propositions des exploitations agricoles familiales sur la question foncière en prenant soin d’y associer les élus locaux, les parlementaires, les services techniques de l’Etat et les universitaires.
Persuadé que seuls le dialogue et la concertation peuvent régler les divergences sur le foncier, le CNCR appelle l’État sénégalais à la plus grande vigilance et le prie de se mettre à l’écoute de la population rurale et des organisations qui représentent les exploitations agricoles familiales.
Nous demandons à l’Etat du Sénégal, garant de la sécurité, de la justice et de l’équité, de prendre toutes les dispositions nécessaires pour qu’un autre Fanaye ne se reproduise et d’engager immédiatement un processus inclusif de réflexion sur la réforme foncière afin de mieux sécuriser et protéger les droits des populations locales.
Pour nourrir le Sénégal, misons sur les exploitations familiales et appuyons-les!
Les administrateurs du CNCR