3e Forum Global Nyéléni: Les femmes en lutte pour une transformation systémique

Communiqué de presse | Le 8 mars n’est pas seulement une date de commémoration, mais une journée de lutte et de revendication des droits des femmes travailleuses à travers le monde. De l’économie féministe à la souveraineté alimentaire, de la résistance à l’expansion capitaliste à la défense des corps et des territoires, les organisations mondiales et les mouvements sociaux impliqués dans le processus Nyéléni menant au 3ᵉ Forum Global convergent dans leur exigence de justice et d’équité, dénonçant un système qui perpétue l’exploitation et la violence contre les femmes et les peuples. Voici diverses actions menées par certaines de ces organisations et mouvements dans leur lutte continue contre le patriarcat.
La Marche Mondiale des Femmes réaffirme son engagement envers l’économie féministe et la démilitarisation, élevant sa voix contre le capitalisme et le fascisme, qui menacent l’autodétermination des peuples et exacerbent les inégalités. Au début de sa 6ᵉ Action Internationale, la lutte du peuple sahraoui se dresse comme un symbole de résistance contre l’occupation et le pillage des communs.
Dans cette lutte mondiale, La Via Campesina promeut le Féminisme Paysan et Populaire, un féminisme de classe qui affronte la crise alimentaire et la violence structurelle, réclamant la souveraineté alimentaire pour l’émancipation des femmes rurales. Face à l’avancée du fascisme, de la violence et de la crise alimentaire, le mouvement paysan dénonce la montée de la pauvreté, du chômage, de l’endettement rural et des crises migratoires. Il alerte également sur les politiques néolibérales qui facilitent l’accaparement des terres et affaiblissent la démocratie, affectant principalement les femmes, les diversités et les enfants.
Le Réseau Intercontinental pour la Promotion de l’Économie Sociale et Solidaire (RIPESS) renforce cette vision en centrant sa lutte sur le soin comme cœur d’un modèle économique basé sur la coopération, la justice climatique et le travail décent. Dans la même perspective, le Mouvement pour la Santé des Peuples dénonce la manière dont la privatisation des systèmes de santé, la montée des régimes autoritaires et la crise climatique approfondissent les inégalités de genre, affectant particulièrement la santé des femmes et leur accès aux droits sexuels et reproductifs.
Les femmes sont également en première ligne dans la défense de l’environnement et des biens communs. Les Amis de la Terre International dénoncent le lien entre capitalisme, patriarcat et néocolonialisme, soulignant la nécessité de reconnaître les femmes comme des sujets politiques afin de changer le système et construire un monde plus juste. Du côté du Conseil International des Traités Indiens (IITC), les luttes autochtones mettent en lumière l’intersection entre la violence de genre et la destruction de la Terre Mère, exigeant que les femmes jouent un rôle central dans la protection de l’eau, des terres et des semences comme un acte de résistance culturelle et politique.
Les femmes pêcheuses organisées au sein du Forum Mondial des Peuples de la Pêche (WFFP) mènent une lutte similaire, s’opposant aux politiques prédatrices et à l’aquaculture industrielle qui menacent leurs moyens de subsistance et la durabilité des mers. En défense de leurs droits, elles revendiquent des espaces dignes et le respect de la pêche artisanale comme fondement des économies locales et de la souveraineté alimentaire de leurs communautés. La Fédération Internationale des Mouvements Ruraux, Adultes et Catholiques (FIMARC) insiste sur la nécessité de garantir l’égalité des genres comme un droit fondamental et un pilier essentiel pour des sociétés pacifiques, prospères et durables, dénonçant la persistance des écarts salariaux, des discriminations dans l’accès à l’éducation et de l’invisibilisation du travail des femmes dans l’économie mondiale.
Depuis les terres agricoles de l’Afrique de l’Ouest, le Réseau des Organisations Paysannes et de Producteurs de l’Afrique de l’Ouest (ROPPA) réaffirme que les femmes sont le pilier de la souveraineté alimentaire. Au cœur de l’agriculture, où elles représentent 80 % de la main-d’œuvre, elles affrontent l’insécurité alimentaire de leurs communautés avec détermination. Pourtant, elles font face à des barrières structurelles qui limitent leur accès à la terre, au crédit et à la formation, soulignant l’urgence de politiques agricoles équitables et du renforcement de l’agroécologie paysanne comme véritable alternative pour une transformation systémique. De même, l’Alliance Mondiale des Peuples Autochtones Mobiles (WAMIP), qui regroupe des communautés nomades préservant la biodiversité et défendant l’usage durable des communs, se lève avec force dans cette lutte mondiale. Les femmes, souvent réduites au silence, sont l’épine dorsale de ces communautés, prenant soin de leurs familles et assurant le bien-être collectif. Malgré les tentatives de les faire taire, elles se dressent puissamment pour exiger leur droit d’exister, d’être reconnues et de défendre leurs territoires. Elles font face à un système colonial qui continue de les dépouiller de leurs terres et de leurs modes de vie, toujours avec un regard tourné vers les générations futures.
Ce 8 mars, les femmes du monde entier marchent ensemble. Des camps sahraouis aux marchés ruraux, des hôpitaux aux mers, des forêts ancestrales aux villes et au-delà, dans chaque recoin des campagnes. La lutte des femmes n’est pas un événement isolé, mais un processus continu de résistance et de transformation systémique. La convergence de leurs organisations dans le processus Nyéléni démontre que seule la solidarité, la justice sociale et la défense de la vie permettront de bâtir un avenir où les femmes et tous les peuples seront véritablement libres.






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