2024 | Bulletin d’information de juillet : L’actu de nos organisations membres dans le monde entier
En juillet, dans les dix régions de La Via Campesina, des mobilisations et des efforts de plaidoyer ont eu lieu pour mettre en lumière les préoccupations relatives à la souveraineté alimentaire, à la réforme agraire et à l’impact des activités industrielles sur l’agriculture. Les organisations et les syndicats de nombreux pays ont exprimé des positions fortes sur les changements législatifs, les politiques économiques et les pratiques environnementales, reflétant une pression plus large pour des politiques publiques favorables.
Commençons par des mises à jour concernant l’Amérique latine
En juillet, des organisations paysannes d’Équateur ont envoyé une lettre demandant le retrait du projet “Agro Reactivation”. Selon elles, cette initiative porte atteinte à la souveraineté alimentaire, profite à l’agro-industrie et à l’agro-exportation et porte atteinte aux droits. Un examen approfondi réalisé par des groupes autochtones et paysan·nes, des organisations de la société civile et des défenseur·euses de la justice alimentaire a révélé que cet effort législatif ne permettrait pas de relever les graves défis auxquels sont confrontées les communautés autochtones et paysannes, qui représentent environ 90 % des unités de production agricole du pays.
En Colombie, environ 2 500 agriculteur·rices ont manifesté à Bogota pour réclamer des avancées plus rapides dans la réforme agraire et le respect des accords. Après trois jours de manifestations, le gouvernement et l’Agenda national des paysannes et paysans ont signé le 10 juillet un accord portant sur 31 points essentiels. Ceux-ci comprennent des efforts conjoints des ministères de l’agriculture et de l’environnement pour lancer des études sur les zones de réserve paysannes, l’agence nationale des terres s’engageant à allouer un budget pour au moins 18 000 hectares en 2024, et l’agence de développement rural donnant la priorité à la réactivation économique et à l’expansion des initiatives de marché paysannes.
Au Pérou, la Commission interaméricaine des droits humains a approuvé le rapport de recevabilité d’une plainte concernant la contamination de la rivière Puyango à Tumbes, causée par des activités minières en provenance de l’Équateur. La plainte, déposée par la Fédération agraire de Tumbes, membre de l’ANC, comprenait également une demande de compensation pour les dommages infligés aux familles paysannes de Tumbes par 140 entreprises minières équatoriennes. Elle mettait en évidence de graves problèmes de santé parmi la population de Tumbes en raison de la consommation d’eau contaminée et des dommages environnementaux résultant des déchets toxiques produits par les opérations minières.
Récemment, la Commission interaméricaine des droits humains (CIDH) s’est également rendue à Cobán, au Guatemala, pour se pencher sur le conflit agraire et la crise humanitaire provoquée par les expulsions qui touchent les familles q’eqchi’. Iels ont rencontré des représentant-es d’organisations sociales, indigènes, paysannes et populaires. Parmi les principales questions abordées figuraient l’aggravation du conflit agraire due à la cooptation du système judiciaire, la violence directe et structurelle, la violence basée sur le genre et les meurtres, qui ont engendré une grave crise humanitaire pour les populations indigènes.
En République dominicaine, les Instituts d’agroécologie d’Amérique latine – IALA Mamá Tingó ont conclu leur premier trimestre semi-présentiel, au cours duquel les étudiants ont pris des engagements organisationnels et communautaires, partageant des connaissances conformément au programme. Iels ont également réaffirmé les principes pédagogiques de l’IALA, tels que l’éducation à la transformation des connaissances en fonction de la réalité, leur utilisation comme base pour la production de connaissances et le lien organique entre l’éducation et la culture.
À Cuba, à l’approche du 13e congrès de l’Association nationale des petit·es producteur·rices (ANAP), sous le slogan “Renforcés, unis et productifs”, le président de l’association a souligné que la bataille économique était une priorité. La transformation des coopératives, l’amélioration du soutien et de la formation des membres et l’augmentation de la production alimentaire nationale sont des objectifs clés, a déclaré l’association.
Pendant ce temps, en Afrique, les organisations membres se sont engagées dans une série de formations et d’ateliers pratiques pour promouvoir les capacités de production et de commercialisation des paysans.
En Ouganda, en juillet, le Forum des agriculteur.rices d’Afrique de l’Est et d’Afrique australe (ESAFF) a poursuivi son travail de création de clubs d’agroécologie dans les établissements d’enseignement, en particulier les écoles primaires et secondaires du pays, afin de doter la jeune génération de connaissances et de compétences en matière de pratiques agroécologiques et de former une génération résiliente et bien informée à mesure qu’elle s’intègre dans la communauté.
En Tanzanie, les agriculteurices de MVIWATA du groupe Mkombozi dans le village de Mapinduzi, dans le district de Bahi, ont reçu des petit-es agriculteurices de sept villages voisins pour une visite d’échange. Les agriculteurices ont échangé sur les pratiques agroécologiques en matière de gestion de la santé des sols (y compris la fabrication de biopesticides et d’engrais biologiques), de lutte contre les ravageurs et de gestion post-récolte.
Au Sénégal, le réseau paysan CNCR a organisé un camp de formation pour les femmes paysannes afin de développer une stratégie de plaidoyer pour assurer la prise en compte des droits des femmes dans les politiques publiques et renforcer la résilience des femmes, en mettant l’accent sur la lutte contre le changement climatique et l’accès à la terre.
En Asie également, l’accent a été mis sur la demande de politiques publiques visant à améliorer les conditions de travail et de vie des communautés paysannes du continent.
En Inde, la Bhartiya Kisan Union a exprimé sa déception à l’égard du budget national annoncé en juillet par le nouveau gouvernement central. Dans un communiqué de presse, l’Union note que l’allocation au secteur agraire ne représente que 3 % des dépenses totales, alors que 65 % du pays dépendent de l’agriculture et des activités connexes. Iels ont également souligné que la demande d’une garantie légale sur le prix minimum de soutien (MSP) reste insatisfaite, tandis que le taux d’imposition des sociétés étrangères a été réduit de 40 % à 35 %. Selon le syndicat, la mise en œuvre d’une garantie légale sur le prix minimum de soutien basée sur le calcul scientifique des coûts de la commission Swaminathan serait le moyen le plus efficace d’améliorer la productivité agricole.
Au Bangladesh, le syndicat des travailleur.euses agricoles BAFLF a continué à plaider pour la régularisation des travailleurs irréguliers dans toutes les fermes de recherche, y compris celles de la Bangladesh Agricultural Development Corporation (BADC). Lors de l’assemblée générale du syndicat en juillet, les membres ont également appelé à la mise en œuvre urgente de leurs revendications en 13 points pour les travailleur.euses agricoles, dont un salaire journalier de 1 000 taka bangladais (environ 9 USD). L’année dernière, la BAFLF a partiellement réussi à persuader le ministère de l’agriculture de publier des directives relatives à ces revendications, bien que nombre d’entre elles n’aient pas encore été satisfaites.
En Thaïlande, le 10 juillet, l’Assemblée des pauvres a rencontré des représentant·es de l’État afin d’assurer le suivi d’une série de luttes foncières et de questions relatives à la gestion des terres communautaires. Présidée par le général de division Thammanat Prompao, ministre de l’agriculture et des coopératives, et en présence d’autres ministres importants, la réunion a permis d’examiner 28 solutions proposées et d’établir 9 sous-comités pour la mise en œuvre. Les principales questions abordées ont été les barrages de Hua Na et Rasi Salai, les problèmes de main-d’œuvre nécessitant des résolutions du Cabinet, les questions foncières relevant du ministère de l’intérieur, les problèmes du barrage de Pak Mun, ainsi que la gestion des forêts et des terres dans les établissements coopératifs.
Au Japon, le mouvement agricole familial Nouminren annonce qu’il a soumis au ministre de l’Agriculture, des Forêts et de la Pêche une lettre de revendication comportant plus de 21 000 signatures en ligne, demandant l’abrogation de la loi sur l’alimentation d’urgence. Cette proposition de loi, qui est liée à la “Loi fondamentale révisée sur l’alimentation, l’agriculture et les zones rurales”, permettrait au gouvernement d’exiger des agriculteur·rices une augmentation de la production ou des changements de cultures si les importations de denrées alimentaires diminuent, avec des sanctions en cas de non-respect dans les cas les plus graves. La pétition critique la loi comme une violation des libertés constitutionnelles, arguant qu’elle accorderait au gouvernement un contrôle excessif sur les agriculteur·rices.
En Europe également, la lutte contre l’accaparement des ressources et la demande de politiques publiques favorables aux petit-esproducteurices de denrées alimentaires ont trouvé un écho
Du 12 au 21 juillet, la Confédération Paysanne a pris la scène au Village de l’eau à Melle, en France. Elle y a tenu un stand et pris part à des manifestations contre les projets de méga-bassins qui accaparent l’eau. Au programme, une table ronde sur les “Solutions pour traiter et restaurer la qualité de l’eau”, une session pour les porteur·euses de projets agricoles et les agriculteur·rices en recherche de successeurs, un atelier sur les “Conflits de classe dans l’agro-industrie” et une conférence sur les “Marchés agricoles mondiaux et révoltes paysannes”, abordant les récentes manifestations paysannes en Europe de l’Ouest et la souveraineté alimentaire au milieu des accords de libre-échange.
En Allemagne, le gouvernement de coalition a approuvé la promotion de l’agriculture basée sur les pâturages, un élément clé du paquet agricole soutenu par le syndicat paysan AbL, membre de la Via Campesina. Le gouvernement a fermement soutenu cette initiative, en soulignant les avantages de l’agriculture basée sur les pâturages pour les animaux, les personnes, la biodiversité et le climat, et en mettant en avant son large soutien sociétal. Au fur et à mesure de l’avancement du paquet, AbL a déclaré qu’elle resterait vigilante pour s’assurer que les engagements politiques se traduisent par une législation concrète.
Nous terminerons cette édition avec des nouvelles en provenance de la Région Arabe et de l’Afrique du Nord ARNA
En Palestine, au cours des neuf derniers mois, malgré l’intensification des attaques en Cisjordanie et le génocide en cours à Gaza, l’Union des comités de travail agricole (UAWC) a travaillé sans relâche à la campagne “Stop Gaza Starvation”. Cette initiative a permis de toucher 629 569 bénéficiaires dans la bande de Gaza. Cependant, en raison du blocus qui empêche l’entrée de l’aide humanitaire et de la destruction totale des terres agricoles, Gaza est devenue une zone de famine, exacerbée par la propagation des maladies et l’augmentation des bombardements et des attaques contre les civils palestiniens.
L’association Million Rural Women and the Landless en Tunisie a organisé une réunion nationale pour les paysannes et paysans à la suite de plusieurs sessions de formation menées depuis 2023 dans différentes régions sur l’UNDROP. Ce rassemblement a servi de plateforme cruciale pour les communautés rurales qui ont discuté de la souveraineté alimentaire, des semences locales indigènes et du soutien juridique aux paysannes et paysans, en mettant l’accent sur l’importance de l’UNDROP.
Au Maroc, la Fédération nationale du secteur agricole continue de défendre les intérêts des travailleur·euses agricoles. Le mardi 2 juillet 2024, elle a organisé une réunion pour discuter des derniers développements de la dernière convention sociale entre le gouvernement et les syndicats les plus représentatifs. La réunion s’est concentrée sur la mise en œuvre de méthodes visant à atteindre l’égalité entre le salaire minimum dans le secteur agricole et son équivalent dans le secteur industriel. En outre, elle a permis de dynamiser les activités organisationnelles de la fédération en vue de la préparation de sa quatrième conférence nationale en février 2025.
Si nous avons manqué des mises à jour importantes, merci d’envoyer les liens à communications@viacampesina.org afin que nous puissions les inclure dans la prochaine édition. Nous n’incluons que les mises à jour des membres de La Via Campesina. Pour une mise à jour complète des différentes initiatives de juillet 2024, veuillez consulter notre site web. Vous pouvez également trouver les éditions précédentes de notre bulletin d’information sur notre site web. Des versions condensées de notre bulletin d’information sont disponibles en podcast sur Spotify.
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