Tunisie : La migration est un acte de résistance – Tous les droits pour les personnes migrantes !
Tunis, le 29 avril 2025 | L’Association du Million de Femmes Rurales et des Sans Terre, membre du mouvement La Via Campesina, suit avec une vive inquiétude la situation des personnes migrantes en Tunisie, en particulier celle de nos sœurs et frères originaires d’Afrique subsaharienne. Un grand nombre d’entre elles et d’entre eux se retrouvent bloqué·es, ayant fui les guerres civiles, la pauvreté, la famine, les épidémies, la sécheresse et les catastrophes naturelles, en quête d’une vie sûre et digne.
Pendant leur séjour en Tunisie, les personnes migrantes font face à d’immenses difficultés. L’intensification du contrôle sécuritaire rend presque impossible la traversée de la Méditerranée et l’accès à l’Europe. Par ailleurs, elles sont exposées à des violences racistes inacceptables, aussi bien verbales que physiques, de la part de certain·es Tunisien·nes.
L’Association du Million de Femmes Rurales et des Sans Terre rappelle qu’elle lutte, aux côtés des mouvements progressistes du monde entier, pour la souveraineté alimentaire, la justice climatique, la réforme agraire et les droits des personnes migrantes. Elle affirme que toute l’histoire de l’humanité est traversée par les migrations. La migration est une forme de résistance face au colonialisme, au capitalisme et à l’impérialisme. Chaque être humain a le droit de migrer pour vivre en sécurité et dans la dignité. Les migrations de nos frères et sœurs d’Afrique subsaharienne sont les conséquences directes d’un siècle de colonisation, suivi de décennies de pillage et de spoliation des ressources de notre continent africain.
En conséquence, l’association :
- Tient l’Union européenne principalement responsable de la dégradation des conditions de vie des personnes migrantes en Tunisie, en raison de ses politiques répressives. Par ses stratégies d’externalisation des frontières, elle empêche l’accès et le passage des migrantes et migrants, mobilise ses forces de sécurité, son armée et les unités de Frontex, dans une approche purement sécuritaire. De plus, elle pousse les pays du Sud de la Méditerranée, dont la Tunisie, à surveiller les frontières maritimes européennes en les extorquant et en exerçant une pression sur eux, en raison de leur fragilité économique.
- Tient également les autorités tunisiennes pour responsables, et les appelle à adopter une approche humaine qui tienne compte des réalités vécues par les personnes migrantes et respecte leur dignité. Cela implique soit de faciliter un retour volontaire, soit de les intégrer dans la vie économique et sociale du pays, en considérant la migration non pas comme un danger, mais comme une opportunité pour la Tunisie.
- Condamne fermement toutes les violences racistes, verbales ou physiques, perpétrées contre les personnes migrantes. Ces actes sont d’une extrême gravité et constituent une forme de racisme que nous rejetons totalement et contre laquelle nous nous engageons à lutter.
- Appelle tous ses membres, militant·es, ami·es et sympathisant·es à accueillir dignement nos sœurs et frères migrant·es, conformément à nos valeurs humaines, à nos traditions d’hospitalité, à notre foi fondée sur la justice et la compassion. Nous devons leur offrir notre soutien, notre aide, et nous engager dans tous les efforts solidaires en leur faveur.
- Dénonce toute tentative de récupération ou d’instrumentalisation de la cause migrante à des fins personnelles, politiques ou commerciales. Se prétendre défenseur·se des migrant·es tout en profitant de leur souffrance est une forme d’exploitation que nous rejetons.
Non au racisme.
Non aux violences, qu’elles soient verbales ou physiques.
Pour les droits des personnes migrantes : tous leurs droits, sans exception.
La migration est une résistance, pas un crime.
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