Thaïlande : Nous condamnons la répression violente de la manifestation pacifique des paysan·nes contre le sommet de l’APEC2022 !

Le gouvernement doit libérer les manifestant·es pacifiques détenu·es et compenser toute perte immédiatement, sans aucune condition.


Déclaration de solidarité de La Via Campesina | Bagnolet | 18 novembre 2022

La Thaïlande, y compris les biens communs, les terres, les forêts, les minéraux, les mers et les rivières, appartiennent à son peuple. Des millions de Thaïlandais·es qui sont des paysan·nes, des pêcheur·euses et d’autres petit·es producteur·trices dépendent de ces biens communs pour assurer leur vie et leur subsistance. Mais l’administration actuelle de Prayuth Chan-ocha manipule le sommet de l’APEC2022 pour endosser la politique économique, appelée économie bio-circulaire-verte (BCG, pour son acronyme en anglais), qui entraîne la destruction de vies et des biens communs en Thaïlande. Cette politique a été conçue pour arracher les terres et les biens communs des mains des Thaïlandais·es au profit des entreprises.

Le gouvernement actuel n’a jamais écouté les voix du peuple de Thaïlande. Lorsque l’Assemblée des Pauvres (AOP, pour son acronyme en anglais), membre de La Via Campesina en Thaïlande, a exigé des comptes au gouvernement, celui-ci a utilisé ses fonctionnaires pour bloquer, arrêter, criminaliser, et exercer toutes sortes de violences contre les membres de l’AOP.

Les membres de l’AOP ont participé à une manifestation pacifique contre le sommet de l’APEC2022 le 18 novembre 2022, avec de nombreuses personnes et organisations de base. Leur principale revendication est que le gouvernement thaïlandais respecte les droits des paysan·nes. Ils dénoncent les politiques qui accaparent leurs terres, leurs forêts et leurs biens communs, sous couvert de politiques d’échange de crédits carbone. Ils exigent qu’il soit mis fin immédiatement à la politique des crédits carbone. La réponse du gouvernement a été la violation du droit de la population à se réunir pacifiquement. La police a violemment attaqué les manifestant·es rassemblé·es au centre de convention Sirikit, où de nombreuses personnes ont été blessées et arrêtées.

Nous envoyons notre solidarité internationale à nos membres de l’AOP en Thaïlande, et demandons ce qui suit :

  1. Nous condamnons la répression brutale du gouvernement thaïlandais et de la police contre les personnes qui exercent leurs droits de réunion pacifique. Le gouvernement et la police doivent respecter et réaliser les droits fondamentaux de nos membres inscrits dans la Déclaration universelle des droits humains ainsi que dans la Déclaration des Nations unies sur les droits des paysan·nes et des autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP) ;
  2. Le gouvernement et la police doivent libérer Baramee Chairayat, Paitoon Soisod, et les autres membres de l’AOP ainsi que les personnes qui ont été arrêtées, sans aucune condition. Protéger nos terres et nos biens communs n’est pas un crime ;
  3. Le gouvernement doit indemniser les personnes victimes de violences et toute perte des biens immédiatement, sans aucune condition ;
  4. Nous sommes aux côtés des membres de l’AOP et du peuple thaïlandais pour exiger la fin des politiques du BCG, et nous nous opposons fermement aux politiques néolibérales pratiquées et promues lors du sommet de l’APEC2022.

La Via Campesina dénonce également que ce qui se passe en Thaïlande n’est pas un événement isolé. Malheureusement, ces actes de criminalisation et de persécution font partie de la réalité vécue par des millions de paysan·nes et les populations rurales à travers le monde. Nous nous exprimons avec dignité et avec un appel à faire justice face à cette violence et impunité.

Globalisons la lutte, globalisons l’espoir !


Consultez ICI le communiqué de notre organisation locale en Thaïlande, l’Assemblée des pauvres (AOP, pour son acronyme en anglais).