Sommet des Peuples vers la COP30 : Unir nos voix pour la justice climatique

La Via Campesina rejoint le Sommet des Peuples vers la COP30 dans le cadre d’un processus croissant de mobilisation et de convergence politique pour la transformation systémique. Ensemble, nous construisons déjà une transformation ancrée dans les luttes de base — un processus qui gagnera en force lors du 3e Forum Global Nyéléni au Sri Lanka et nourrira le Sommet des Peuples vers la COP30 au Brésil.
Nous partageons ci-dessous le manifeste du Sommet des Peuples, un outil pour continuer à avancer sur ce chemin de lutte collective.
Manifeste du Sommet des Peuples 1
Depuis août 2023, des mouvements sociaux et populaires, coalitions, collectifs, réseaux et organisations de la société civile du Brésil construisent un processus de convergence entre organisations et mouvements de femmes, syndicats, peuples autochtones, agriculteur·rice·s familiaux·ales et paysan·ne·s, quilombolas, peuples et communautés traditionnels, populations afrodescendantes traditionnelles, personnes noires, jeunes, groupes interreligieux, écologistes, travailleur·euse·s, activistes des médias, organisations culturelles, étudiant·e·s, habitant·e·s des favelas et des périphéries, personnes LGBTQIAPN+, personnes en situation de handicap, défenseur·e·s des droits humains, des droits des enfants et des adolescent·e·s, groupes intergénérationnels, des zones urbaines et rurales, des forêts et des eaux — en vue de la réalisation du Sommet des Peuples comme un espace autonome vis-à-vis de la Conférence des Parties (COP 30) de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC), qui se tiendra en Amazonie.
Notre objectif est de renforcer la mobilisation populaire et de converger vers des agendas communs : socio-environnementaux, antipatriarcaux, anticapitalistes, anticoloniaux, antiracistes et fondés sur les droits, tout en respectant les diversités et spécificités de chacun·e, unis par un futur de bien-vivre. Dans le contexte actuel, plus que jamais, nous devons avancer dans des espaces collectifs qui défendent la démocratie et la solidarité internationale, qui s’opposent à l’extrême droite, au fascisme, aux fondamentalismes, aux guerres, à la financiarisation de la nature et à la crise climatique.
Les événements climatiques extrêmes, les sécheresses, les inondations, les glissements de terrain et les fausses solutions climatiques sont autant d’instruments qui aggravent les inégalités et les injustices environnementales et climatiques, notamment dans les territoires, et frappent cruellement celles et ceux qui ont le moins contribué à la crise climatique, écologique et civilisationnelle.
L’insuffisance des mesures pour répondre à ces crises est alarmante. Les pays et les décideur·euse·s ont fait preuve de négligence ou ont proposé des solutions inefficaces, mettant en péril l’objectif de 1,5°C de l’Accord de Paris. Les investissements qui alimentent le changement climatique ont augmenté ces dernières années, tandis que les politiques de protection des peuples autochtones et des populations traditionnelles ont été démantelées, et que leurs dirigeant·e·s sont menacé·e·s ou assassiné·e·s.
Des solutions réelles sont urgentes, et la société civile mondiale doit être à l’avant-garde de tous les espaces de débat sur ces enjeux. La COP30 doit marquer un tournant et prendre des mesures concrètes pour faire face à la crise climatique.
Il est nécessaire de revoir le modèle économique actuel et de mettre fin à la production et à la combustion des énergies fossiles, responsables de plus des deux tiers des émissions provoquant le réchauffement climatique, ainsi que de mettre en œuvre des politiques de déforestation zéro. Des accords internationaux pour une transition énergétique juste sont urgents, en commençant par les pays les plus riches, tout en exigeant des comptes sur les impacts causés par les entreprises transnationales de l’agrobusiness, de l’extraction minière, du secteur énergétique, de l’immobilier et des infrastructures, qui menacent actuellement les populations locales.
Il est tout aussi urgent d’intensifier la lutte contre le crime organisé, les groupes paramilitaires et les négociant·e·s de carbone qui s’implantent de plus en plus dans divers territoires ; il faut contrer les menaces et garantir la protection et les droits des défenseur·e·s de l’environnement et des droits humains, notamment par la ratification de l’Accord d’Escazú et d’autres accords essentiels.
Une transition juste, populaire et inclusive est fondamentale. Cela passe par le droit à la terre et au territoire via des réformes urbaines, agraires et foncières ; la démarcation, la titularisation et la régularisation des territoires autochtones, quilombolas, de pêche et traditionnels ; la construction de systèmes alimentaires centrés sur la souveraineté alimentaire, promouvant l’agroécologie, valorisant la production familiale, paysanne et la pêche artisanale, ainsi que les économies autochtones, solidaires et féministes ; la reconnaissance de la nature comme sujet de droits ; la protection des zones océaniques, des terres rares et des zones côtières ; la préservation de la biodiversité ; la création d’emplois décents et de revenus ; des politiques de soin ; la consolidation du droit à la ville avec des politiques urbaines comme politiques environnementales ; la mise en œuvre de politiques spécifiques pour les populations affectées par le climat ; l’accès à l’eau potable et à l’assainissement de base ; la prévention et l’adaptation climatiques, en particulier dans les périphéries urbaines et les territoires autochtones et traditionnels ; l’éradication du racisme environnemental et structurel, ainsi que des violences faites aux femmes, aux filles, aux différentes cultures et visions du monde ; la promotion de la communication libre et de la diversité culturelle ; des politiques pour une jeunesse noire vivante ; et des mesures de réparation et de démocratisation d’un financement climatique juste, en dehors du marché du carbone et de l’endettement, avec la structuration de fonds et une gouvernance communautaire.
Nous exigeons que le gouvernement brésilien assume un rôle de leadership sur l’agenda socio-environnemental en adoptant ces politiques, essentielles pour faire avancer la justice climatique depuis le Sud global.
Cependant, rien de tout cela ne se fera sans une forte pression et la participation effective de la société civile. Nous appelons les organisations, réseaux, collectifs et mouvements sociaux de divers secteurs à construire ensemble le Sommet des Peuples vers la COP30, capable de mobiliser l’opinion publique, de renforcer la démocratie participative et populaire, de dénoncer et bloquer les reculs, ainsi que de faire pression sur les décideur·euse·s au Brésil et dans le monde entier.
Notre planète crie pour un changement profond et urgent.
Le Sommet des Peuples, en réunissant des voix et perspectives diverses, présente un cadre de causes et d’enjeux fondamentaux qui visent à transformer la réalité et à construire un futur pour les peuples.
Nous avons organisé nos revendications en quatre grands axes, qui abordent les défis auxquels nous faisons face et les solutions que nous pouvons construire collectivement, tout en soulignant la diversité de nos peuples et l’urgence d’agir dès maintenant.
Axe 1 :
- Eau, terre, territoires, territorialités et souveraineté des peuples
- S’opposer aux grands projets d’exploitation dits de “développement”
- Agroécologie, souveraineté et sécurité alimentaire et nutritionnelle face à la crise climatique
- Villes, adaptation climatique et droit à la vie
Axe 2 :
- Justice climatique, lutte contre les inégalités et le racisme environnemental
- Défense de la démocratie, de la sécurité et du droit à la vie
- Gouvernance mondiale et participation populaire effective
- Inclusion et accessibilité
Axe 3 :
- Transition juste, populaire et inclusive
- Financement climatique équitable
- Lutte contre les fausses solutions
- Éducation environnementale
Axe 4 :
- Jeunesse et enfants : intergénérationnalité, diversité et pluralité dans la prise de décision
- Les femmes au centre des décisions, guidées par le paradigme de l’économie féministe
- Diversité et populations LGBTQIAPN+
Rien de tout cela ne se fera sans pression ni participation.
Rejoins le Sommet des Peuples et prends part à la lutte contre la crise climatique !
- Depuis 1992, avec le Forum Mondial, le Sommet des Peuples s’est élevé comme un puissant cri de résistance, faisant écho aux voix réduites au silence par les inégalités. Dans cet espace de lutte et d’espoir, les communautés indigènes, traditionnelles et marginalisées – celles qui ont le moins contribué à la crise climatique mais qui en subissent les impacts les plus forts – ont enfin l’opportunité d’être entendues.
Tandis que les COP officielles continuent de se concentrer sur des chiffres et des objectifs, le Sommet parle de vies, de droits et de territoires. Ici, nous construisons un avenir fondé sur la justice sociale et environnementale, montrant que notre lutte est à la fois urgente et nécessaire.
Lors du Sommet de 2024, nous unissons une véritable force de diversité ! Les mouvements de femmes, les peuples indigènes, les quilombolas, les jeunes et les communautés de tous horizons se réuniront pour élaborer une agenda qui reconnaît la profonde connexion entre la justice climatique et les droits territoriaux. ↩︎
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