Mozambique : L’usurpation des terres est le sujet prédominant à l’ouverture de la 3e Conférence Internationale Paysanne

par l’Équipe de Communication de la 3e Conférence Internationale Paysanne sur la question foncière


(Maputo, le 02 Octobre 2014) – Quelques deux-cent cinquante personnes sont réunies pour deux jours au Centre de Conférences des Télécommunications de Maputo (TDM) pour participer à la 3e Conférence Internationale Paysanne sur la question foncière, organisée par l’Union Nationale des Paysans (UNAC, membre de La Via Campesina au Mozambique). L’usurpation des terres, la mise en œuvre de méga projets ayant un impact direct sur la vie quotidienne des paysans, les difficultés pour l’accès au crédit et l’absence de marchés pour la commercialisation des produits, sont autant de sujets de préoccupation pour le secteur.

Notre production sera en chute par manque de terres“, assure le représentant de la région Nord du pays, Costa Estevão. D’après lui, le phénomène [l’usurpation des terres] va faire diminuer la production, « poussant » les paysans vers la faim et à la pauvreté. Estevão affirme que de nombreux agriculteurs perdent leurs terres. Il soutient que par exemple à Monapo, l’entreprise Agro-alpha a arraché une surface de 10 hectares à un citoyen détenteur d’un titre d’usage et d’exploitation de la terre. D’après lui, il est très habituel voir une telle situation.

En ce qui concerne plus particulièrement les méga projets, Costa affirme que ceux-ci sont mis en œuvre sans consultation préalable auprès des communautés. Même si les projets d’importance pourraient garantir l’emploi, « un paysan, sans terre, il devient triste ».

L’utilisation d’engrais par les grandes sociétés nuit aux paysans

Une autre question prédominante à l’occasion de l’ouverture de la conférence fait le point sur l’utilisation d’engrais. Rebeca Mabui, membre de l’UNAC dans la province de Maputo, représentant la région Sud du pays, a raconté que par exemple la production de bananes à Moamba oblige les paysans de « recourir à d’autres régions en raison des produits chimiques ». D’autre part, d’après Mabui, les paysans « ne sont pas en position de renverser cette situation ». Mabui se demande donc : «  à qui profite, alors, l’agriculture mécanisée ?». Mabui a abordé également la question de l’usurpation des terres en zones côtières des provinces de Gaza, Maputo et Inhambane.

Difficultés dans l’accès au crédit et l’absence de marchés

Rita Rizuane, membre du conseil d’administration de l’UNAC, s’est plainte quant à elle, des difficultés pour l’accès au crédit et signale, en même temps, que les banques refusent d’accorder des crédits aux paysans, au prétexte que « l’agriculture est une activité à risque ». Elle s’est également plainte de l’absence de marchés pour la commercialisation des produits. Au gouvernement, Rita demande « la mise à disposition d’intrants agricoles et d’agents conseillers en agriculture ». Les paysans se sont plaints aussi de la pollution de l’air et de l’eau dans les provinces de Tete et Manica. Là-bas, il n’est pas possible de boire de l’eau parce qu’elle est polluée et il est également impossible de laisser des aliments à l’air libre.

Cette 3e Conférence vise à approfondir le débat public et démocratique sur les principaux défis structurels concernant le comportement du secteur agricole, ainsi que sur la nécessité urgente d’une réforme agraire fondée sur la facilitation et dynamisation des moyens de production et de la productivité dans le pays et de mettre un frein, de manière urgente, au phénomène de l’usurpation des terres.

 

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