Maroc : Les syndicats protestent contre une loi répressive sur la grève qui aggrave la détérioration des droits des travailleur·euses agricoles

Les 5 et 6 février 2025, une grève générale a eu lieu au Maroc, organisée par l’Union Marocaine du Travail (UMT) et ses affiliés dans tous les secteurs d’activités, notamment la FNSA-UMT, la Fédération Nationale du Secteur Agricole, membre de La Via Campesina dans la région ARNA – région arabe et Afrique du Nord.
Des centaines de travailleur·euses agricoles se sont rassemblé·es devant les locaux de l’Union Marocaine du Travail pour exprimer leur rejet de la loi sur la grève, brandissant des slogans puissants affirmant leur détermination à poursuivre la lutte jusqu’à son abrogation.
Cette mobilisation sans précédent visait à protester contre l’adoption de la loi organique n° 97.15, régissant l’exercice du droit de grève, jugée restrictive et contraire aux intérêts des travailleur·euses agricoles . Elle a pour objectif de s’opposer aux orientations gouvernementales marocaines régressives, antisociales et impopulaires, qui cherchent à réprimer le droit de manifester face à l’injustice et à défendre les droits des travailleur.euses agricoles à travers une loi sur la grève qui entrave l’exercice de ce droit fondamental. Ces mesures législatives dangereuses visent à faire reculer les acquis et à prévenir les manifestations face à des politiques agressives.
Depuis un certain temps, le gouvernement marocain insiste pour faire passer cette loi, considérée, au sein de la FNSA-UMT, comme restrictive et criminelle vis-à-vis du droit de grève, en totale contradiction avec la Constitution du pays. Celle-ci garantit explicitement l’exercice de ce droit, notamment dans son article 29, qui souligne que toutes les constitutions depuis 1962 ont consacré ce droit humain. Cependant, ce gouvernement marocain actuel, qui défend les intérêts du capital local et étranger, persiste à vouloir faire adopter cette loi restrictive malgré l’opposition des syndicats et des forces progressistes du pays.
Pour la Fédération Nationale du Secteur Agricole, la loi, qui a été officiellement approuvée le mercredi 5 février 2025 à la Chambre des représentants après la deuxième lecture, aura un impact significatif sur la classe ouvrière marocaine en général et sur les travailleur.euses agricoles en particulier. La procédure complexe prévue par cette loi compliquera l’exercice du droit de grève, surtout dans les unités et exploitations agricoles où les syndicats sont absents. De plus, les lourdes pénalités et amendes pouvant atteindre 850 dollars, imposées aux travailleur·euses qui ne respecteront pas les dispositions de la loi sur la grève, représentent une menace supplémentaire pour leur droit à la mobilisation.
“Cette loi restrictive sur le droit de grève sert principalement les intérêts des grandes entreprises et des exploitations agricoles, qu’elles soient locales ou étrangères, ainsi que ceux des multinationales qui continueront à violer les droits des travailleur·euses agricoles sans la moindre considération. Leur principal moyen de lutte, la grève, leur a été arraché par l’adoption de cette législation répressive.”
Ce cadre législatif constitue un obstacle considérable pour les travailleur·euses agricoles marocain·nes souhaitant manifester contre leurs conditions de travail désastreuses, l’application quasi inexistante du Code du travail dans la plupart des exploitations, ainsi que la discrimination salariale persistante, le salaire minimum dans le secteur agricole restant bien inférieur à celui d’autres secteurs. Pour eux, la lutte et la résistance face à ces mesures répressives sont des impératifs essentiels pour revendiquer leurs droits fondamentaux.
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