L’ECVC appelle l’Union européenne à sortir de la politique du libre-échange et à renforcer la souveraineté alimentaire

Communiqué de presse de la Coordination Européenne Via Campesina (ECVC) | 15 avril 2025
Le président des Etats-Unis, Donald Trump, a décidé de lancer une guerre commerciale et d’augmenter les droits de douane sur les importations de l’Union Européenne et du reste du monde. L’agriculture sera grandement impactée, tant les producteur·ices de biens d’exportations (vin, fromage, huile, etc.), que les paysan·nes qui feront face à la concurrence de plus de biens sur le marché domestique. Dans ce contexte, la ratification rapide de nouveaux traités de libre-échange est présentée par certain·es comme seule solution. Cette proposition porterait atteinte aux paysan·nes et nos sociétés pendant des décennies, ne faisant qu’entretenir la vulnérabilité des marchés européens et compromettant l’autonomie stratégique souhaitée. Pour défendre l’agriculture, l’alimentation et les marchés européens, nous devons sortir du paradigme du libre commerce et renforcer la souveraineté alimentaire !
En effet, la vulnérabilité du marché européen aux droits de douane américains est le résultat des politiques néo-libérales des dernières décennies qui ont promu un modèle de production orientée vers l’industrialisation et le commerce international. À travers la multiplication des traités de libre-échange, ces politiques nous entraînent dans une course à la compétitivité et à l’industrialisation de l’agriculture dans laquelle les considérations sociales, environnementales et sanitaires sont abandonnées devant les pressions de diminution des coûts de production. Dans le contexte géopolitique actuel, les crises politiques, économiques, environnementales ou sanitaires qui s’enchaînent sont engendrées et intensifiées par des logiques commerciales néolibérales qui accentuent notre dépendance envers de grandes puissances étrangères. C’est le cas de l’accord entre l’UE et le Mercosur qui va nuire aux secteurs sensibles et impacter la souveraineté alimentaire, en total mépris du droit des paysan·nes à un prix juste.
Ne nous voilons pas la face, l’objectif de Donald Trump n’est pas de remettre en cause la mondialisation, mais bien de forcer le reste du monde à importer plus de biens américains et de se soumettre à ses vœux de dérégulation de l’économie. Pour l’agriculture, cela se traduirait par une aggravation de la crise, une accélération de la disparition des petit·es paysan·nes et de l’agriculture de subsistance, un frein à la transition agroécologique et une ouverture du marché européens aux produits avec des normes moins contraignantes, tels que les viandes traitées aux hormones ou les OGMs.
la Coordination Européenne Via Campesina (ECVC)
Ne nous voilons pas la face, l’objectif de Donald Trump n’est pas de remettre en cause la mondialisation, mais bien de forcer le reste du monde à importer plus de biens américains et de se soumettre à ses vœux de dérégulation de l’économie.
Devant ces constats, l’Europe doit rester forte en montrant une autonomie stratégique sur ses besoins fondamentaux dans lesquels l’alimentation a une place centrale. Nous avons besoin de manger pour vivre et il existe une alternative à la soumission devant Donald Trump et à l’intensification du libre-échange : l’Union Européenne doit investir dans la souveraineté alimentaire partout dans le monde en favorisant des politiques orientées vers la territorialisation de la production alimentaire, en soutenant une transition agroécologique, en garantissant le renouvellement générationnel, et en protégeant les paysan·nes des futures tensions économiques et écologiques.
A l’heure où l’UE investit déjà massivement dans la défense à travers une politique d’armement sans précédent, abandonne tous les objectifs du pacte vert, nous ne devons pas nous enfermer dans une course à la compétition géopolitique avec de graves conséquences pour la paix, pour les droits humains et pour les territoires. Aucune stratégie de sécurité ou de défense ne peut être durable sans garantir la souveraineté alimentaire. Face à l’accumulation actuelle de crises et de menaces réactionnaires et autoritaires, le mouvement paysan appelle à une solution à basée sur les droits humains, la démocratie et les libertés individuelles et collectives ; sur la solidarité internationale, le commerce équitable et la souveraineté alimentaire des peuples comme formule de construction d’un monde juste et pacifique. ECVC invite la société civile à construire un front commun en ce sens.
Prix équitables et régulation des marchés
En mars de cette année, la Coordination Européenne Via Campesina (ECVC) a organisé sa première conférence internationale réunissant chercheur·euses et paysan·nes. Cet événement a porté un message commun clair, exprimé par les paysan·nes, les chercheur·euses, les décideur·euses politiques, la société civile et les ONG : les paysan·nes ont besoin de prix équitables, et un travail collectif sur la régulation des marchés est essentiel pour atteindre cet objectif.
Voici une vidéo qui présente les moments forts et les principales propositions formulées lors de la conférence.
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