Corée du Sud : Les syndicats agricoles alertent sur les importations de pommes de terre génétiquement modifiées et les pressions commerciales des États-Unis
Le gouvernement sud-coréen réexamine une fois de plus le processus d’approbation des importations pour une pomme de terre génétiquement modifiée (OGM) développée aux États-Unis, ravivant une controverse similaire à celles de 2018 et 2019. L’Administration du développement rural (RDA), dirigée par le commissaire Kwon Jae-han, a récemment conclu qu’une variété de pomme de terre OGM répondait aux normes de sécurité environnementale, levant ainsi un obstacle majeur à son importation.
Cette décision intervient dans un contexte de pressions commerciales renouvelées de la part des États-Unis, suscitant des inquiétudes quant au fait que le gouvernement sud-coréen facilite l’entrée de pommes de terre OGM cultivées aux États-Unis sur son territoire.
Selon les syndicats agricoles, la RDA a publié, le 17 mars, une évaluation des risques environnementaux pour la variété de pomme de terre OGM « SPS-Y9 », développée par l’agro-industrie américaine J.R. Simplot. L’évaluation a conclu que la dissémination involontaire de cette pomme de terre dans l’environnement agricole sud-coréen présente un risque minimal.
Dans un éditorial publié par le Korean Peasant Newspaper (KPL News), les syndicats agricoles citent des données issues d’un audit parlementaire montrant que les importations de produits alimentaires transformés contenant des OGM ont été multipliées par neuf au cours de la dernière décennie. Parallèlement, la mise en place de dispositifs efficaces pour garantir la sécurité alimentaire et les droits des consommateur·rice·s a été constamment repoussée — laissant ainsi les personnes les plus concernées en subir les conséquences.
Le problème ne se limite pas aux aliments transformés. Six cultures OGM — dont le soja, le maïs, le coton, le colza, la luzerne et la betterave sucrière — sont déjà importées. Désormais, les autorités cherchent à introduire les pommes de terre OGM, considérées comme l’un des produits les plus controversés, auprès des consommateur·rice·s sud-coréen·ne·s. Pourtant, les pommes de terre sont déjà largement cultivées dans le pays. En tant qu’aliment de base et ingrédient essentiel dans de nombreux plats, leur disponibilité n’est pas remise en question.
Les frites, particulièrement prisées dans la restauration rapide, constituent un sujet de préoccupation majeur. Les services de restauration n’étant pas tenus de mentionner la présence d’ingrédients issus d’OGM, le risque est élevé que les consommateur·rice·s consomment, à leur insu, des frites produites à partir de pommes de terre génétiquement modifiées. Cette situation a intensifié les appels adressés au gouvernement pour qu’il assume pleinement sa responsabilité en matière de sécurité alimentaire. Les syndicats agricoles dénoncent, à l’inverse, une attitude consistant à balayer les inquiétudes du public en les qualifiant de peurs irrationnelles, tout en faisant la sourde oreille aux alertes lancées par les organisations de la société civile et les parlementaires exprimant des préoccupations légitimes.
KPL News souligne également le moment choisi pour la décision de la RDA : celle-ci est intervenue cinq jours avant la visite du ministre sud-coréen du Commerce, de l’Industrie et de l’Énergie aux États-Unis (du 26 au 28 mars), où il a rencontré le secrétaire américain du Commerce. Cela a alimenté les spéculations selon lesquelles le gouvernement démantelerait de manière préventive les barrières non tarifaires sous la pression des États-Unis.
Ce n’est pas la première fois que la RDA approuve une pomme de terre OGM développée par Simplot. En septembre 2016, elle a déclaré que la variété « SPS-E12 » ne présentait pas de danger pour l’environnement. Le ministère de la Sécurité alimentaire et des Médicaments (MFDS) a suivi en 2018, concluant que cette pomme de terre ne représentait aucun risque pour la sécurité alimentaire. Cependant, des critiques ont dénoncé une « révision précipitée ». Face à la vive opposition des syndicats agricoles et des organisations de la société civile, les importations de la variété « SPS-E12 » sont bloquées depuis 2018-2019. Entre-temps, la variété « SPS-X17 » de Simplot fait toujours l’objet d’une évaluation des risques environnementaux.
KPL News rappelle également que la controverse autour des pommes de terre OGM de Simplot remonte à 2018, lorsque des doutes sur leur innocuité ont commencé à émerger. Le Dr Caius Rommens, ancien scientifique chez Simplot impliqué dans leur développement, a révélé par la suite que le processus de modification génétique avait entraîné l’accumulation de composés toxiques, y compris de potentiels agents cancérigènes. Le dirigeant syndical Shin a également mis en garde contre les conséquences d’une telle importation : une atteinte à l’autosuffisance nationale en pommes de terre, une chute des prix, une hausse de la commercialisation de produits OGM non étiquetés, et une aggravation des risques liés à la sécurité alimentaire.
Les syndicats agricoles prévoient des manifestations de grande ampleur si le gouvernement ne retire pas immédiatement le processus d’approbation des importations de pommes de terre OGM. Ils affirment que cette mesure est indispensable pour garantir l’approvisionnement alimentaire du pays et protéger les moyens de subsistance des familles agricoles sud-coréennes.
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