Conflit en RDC : La Via Campesina d’Afrique australe et orientale (LVC SEAF) appelle à la solidarité internationale et dénonce les attaques contre les femmes et les filles

Dans une déclaration publiée le 25 février 2025, la région Afrique australe et orientale de La Via Campesina (LVC SEAF) appelle à la solidarité internationale pour la paix en République démocratique du Congo RDC, suite à la récente intensification du conflit armé et à la détérioration de la situation sécuritaire dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu. Ce conflit dure depuis la fin de l’année 2021, lorsque les différents groupes armés regroupés au sein du M23 ont pris les armes contre le gouvernement, revendiquant la souveraineté sur ce territoire.
Depuis le début de l’année, le M23 s’est emparé de larges pans de territoires dans l’est du pays, y compris Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu, qui fait frontière avec le Rwanda. La récente escalade du conflit armé pour le contrôle de cette province riche en ressources minérales s’inscrit parfaitement dans le cadre d’un conflit par procuration, dans un contexte plus large de restructuration des rapports de force à l’échelle mondiale.
Une fois de plus, depuis janvier 2025, des milliers de personnes ont été tuées, des centaines de milliers ont été contraintes de quitter leurs maisons et leurs champs, d’errer le long des routes et de rejoindre les camps de réfugié·es. Les deux provinces du Kivu abritaient déjà plus de 4 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays (réfugié·es). La récente escalade du conflit a gravement aggravé leur situation. Beaucoup des personnes affectées sont des paysan·nes dont les familles commençaient à reconstruire leur vie après un bref répit dans ce conflit qui dure depuis des décennies. Aujourd’hui, elles sont à nouveau forcées de se déplacer et empêchées d’accéder à leurs champs, leur bétail et leurs récoltes, leurs sources de subsistance.
Dans cette guerre, les femmes et les jeunes filles sont régulièrement violées. Les populations sont tragiquement terrorisées en toute impunité comme moyen de guerre. Il est impossible d’établir une société stable, et donc leur souveraineté alimentaire, dans un territoire où il n’y a pas de paix et de respect des droits humains fondamentaux et de la dignité.
Nous sommes solidaires avec notre organisation membre, la Confédération Paysanne du Congo, COPACO-PRP, en RDC et de toutes les communautés affectées par ce conflit.
Nous appelons tous les membres de La Via Campesina à s’organiser dans leurs pays en solidarité avec le peuple de la RDC et à exiger de leurs gouvernements qu’ils prennent des mesures pour instaurer un cessez-le-feu et une paix durable afin que les familles paysannes déplacées puissent retourner chez elles et s’adonner à leurs activités agricoles.
Nous appelons tous les gouvernements dont les sociétés transnationales sont impliquées dans l’extraction des ressources dans l’est de la RDC à prendre des mesures pour mettre fin au flux de l’argent du sang qui alimente ce conflit.
Nous appelons les gouvernements, l’Union africaine et les autres blocs économiques et politiques régionaux – la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) et le Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA) – à dénoncer la récente escalade dans l’est de la RDC et à promouvoir le dialogue en faveur d’une paix durable.
Nous appelons le groupe de travail de l’ONU sur l’UNDROP à prendre conscience et à condamner la violation des droits des paysans tels qu’ils sont énoncés dans les articles 5, 13, 15, 17, 24 et 27. Nous demandons au groupe de travail de l’ONU d’établir un mécanisme spécial pour intervenir dans les conflits en cours en RDC afin que les paysans et autres personnes travaillant dans les zones rurales de toute la RDC puissent jouir de leurs droits en tant qu’êtres humains et de leur droit à produire de la nourriture sur leur territoire.
Nous appelons le Groupe de travail de l’ONU sur les droits des paysan·nes (UNDROP) à condamner les violations des droits des paysan·nes telles que stipulées dans les articles 5, 13, 15, 17, 24 et 27. Nous demandons que le Groupe de travail de l’ONU établisse immédiatement un mécanisme spécial pour intervenir dans les conflits en cours en RDC afin que les paysan·nes et d’autres personnes travaillant dans les zones rurales de toute la RDC puissent jouir de leurs droits en tant qu’êtres humains et de leur droit à produire de la nourriture sur leur territoire.
NON à la guerre ! Oui à la vie et à la souveraineté alimentaire !
GLOBALISONS LA LUTTE ! GLOBALISONS L’ESPOIR !
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