Conférence d’ECVC des Paysan·nes et des Chercheur·euses : la première journée met en avant la régulation des marchés, l’accès à la terre, des prix justes et le renouvellement générationnel

« Les paysan·nes ont besoin de conditions de vie et de revenus décents. L’agriculture varie d’une région à l’autre, nous devons donc prendre en compte ces spécificités et différentes trajectoires. Nous devons travailler sur la question des prix justes. La réforme de l’Organisation commune des marchés vise à encourager les paysan·nes à s’organiser en organisations de producteurs afin de renforcer leur pouvoir de négociation », a-t-il déclaré.
« La régulation des marchés a toujours fait partie de la PAC et est intrinsèquement liée à ses objectifs. La PAC a été créée pour améliorer les revenus des paysan·nes après la guerre et protéger leurs moyens de subsistance contre la dérégulation du marché. Mais depuis 1992, son fonctionnement a évolué de manière à aggraver la situation économique des petit·es producteur·rices. Dans certaines régions de l’UE, les revenus agricoles ont considérablement diminué. La PAC continue de soutenir un modèle économique axé sur l’exportation et intègre de plus en plus le discours sur la digitalisation de l’agriculture, deux tendances qui portent gravement atteinte aux petit·es producteur·rices. Si la digitalisation est appliquée dans sa forme actuelle, elle risque de saper encore davantage l’autonomie des paysan·nes, déjà marginalisé·es par un modèle de production tourné vers l’exportation », a-t-elle affirmé.
« Le prix au-dessus du coût de production est l’objectif de tou·tes les paysan·nes, mais l’atteindre est un véritable défi. De nombreux facteurs y contribuent : monopoles, oligopoles, intermédiation, manque d’informations sur les marchés, surproduction, dumping commercial et absence de gestion de l’offre. Si les petit·es et moyen·nes producteur·rices doivent bénéficier de l’économie de marché plutôt que d’en être les victimes, nous devons engager une réflexion sur la démocratisation économique et sur des mécanismes institutionnels permettant de fixer des prix et d’octroyer des subventions », a-t-il déclaré.
Andoni Garcia, d’Espagne, membre du Comité de Coordination de l’ECVC, a rappelé que la demande de prix justes est en contradiction totale avec un modèle agro-industriel basé sur l’import-export.
« Tant que les marchés resteront dérégulés, il n’y aura pas de prix justes. Les effets de cette dérégulation sont clairs : les bénéfices sont captés par les intermédiaires et les acteurs des chaînes d’approvisionnement, tandis que les paysan·nes sont sous-payé·es et que les consommateur·rices font face à des prix élevés », a-t-il déclaré.
Garcia a mis en avant la Loi sur la chaîne alimentaire en Espagne comme exemple de régulation profitable aux petit·es producteur·rices.
“La loi espagnole, introduite en 2013, a imposé la contractualisation obligatoire, renforçant ainsi la transparence. La réforme de 2021 a ajouté l’obligation d’enregistrer les contrats, empêchant ainsi les modifications arbitraires. Un élément essentiel de cette loi est la reconnaissance explicite du fait que les prix à chaque étape de la chaîne d’approvisionnement doivent couvrir les coûts de production des agriculteurs, y compris les dépenses liées aux intrants et les salaires des agriculteurs et des travailleurs. Pour garantir le respect de cette exigence, un observatoire européen de la chaîne d’approvisionnement établit des indices de prix pour chaque pays. De plus, les agences d’information et de contrôle alimentaire ont le pouvoir d’enquêter et de sanctionner les manquements. À ce jour, 3 510 sanctions ont été prononcées, représentant un total de 14 millions d’euros”, a-t-il expliqué.
Lors de cette première journée, les participant·es ont également pris part à divers ateliers abordant des thématiques telles que la fixation de prix équitables, une approche fondée sur les droits pour l’accès à l’alimentation et la souveraineté alimentaire, l’accès à la terre et la régulation des marchés, ainsi que la gouvernance des systèmes alimentaires aux niveaux local et mondial.

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