Canada : La fusion Bunge-Viterra, un mythe de la concurrence brisé et un appel urgent à la régulation, selon la NFU

COMMUNIQUÉ DE PRESSE DU SYNDICAT NATIONAL DES AGRICULTEURS (NFU), CANADA
Saskatoon – L’approbation par le Canada de l’acquisition de Viterra par Bunge met effectivement fin à la concurrence dans le secteur des matières premières agricoles du pays en donnant le contrôle de 40 % de notre marché des grains à ce qui deviendra le plus grand négociant mondial de matières premières agricoles. Il est temps d’abandonner le mythe de la concurrence et de prendre des mesures sérieuses en matière de réglementation pour protéger l’intérêt public. Nous avons besoin d’une Commission canadienne des grains plus forte, pleinement financée, et dotée de pouvoirs renforcés pour protéger les intérêts des agriculteurs.
La NFU et d’autres organisations agricoles ont souligné les préjudices clairs pour les agriculteurs canadiens, qui ont été ouvertement ignorés. Tant le degré de concentration du pouvoir de marché que la manière dont les actifs de Bunge et Viterra sont structurés augmenteront la capacité de l’entreprise fusionnée à extraire chaque année des centaines de millions de profits excessifs des agriculteur·rices canadien·nes – et, par extension, de nos communautés et de l’économie canadienne dans son ensemble.
La décision du Canada impose des conditions très légères à Bunge. Les organisations agricoles se sont opposées de manière unanime à la fusion. Vendre quelques silos, inciter la nouvelle entreprise à investir une partie des profits plus élevés qu’elle réalisera au Canada, maintenir son siège social à Regina pendant cinq ans et mettre en place un pare-feu papier entre Bunge et les administrateurs qu’elle nommera au conseil d’administration de G3 ne suffiront pas à contrer l’augmentation du pouvoir de Bunge pour influencer les marchés, les prix et la production au Canada et à l’international.
Lorsque la fusion sera finalisée, ADM, Bunge, Cargill et Louis-Dreyfus continueront de dominer à l’international, avec Bunge désormais en première position. Ensemble, ces quatre géants contrôlent 70 % du commerce mondial de grains. Un ratio de concentration de quatre entreprises (CR4) supérieur à 40 % est considéré comme monopolistique. Au Canada, le CR4 pour les entreprises de grains (en comptant G3 comme un actif de facto de Bunge) sera de 88 %.

Dans son annonce, la ministre des Transports, Mme Anand, a déclaré que l’approbation de la fusion avec conditions servait l’intérêt public. Comme toutes les entreprises, la première responsabilité de Bunge est envers ses actionnaires, et il est certain que ses intérêts privés guideront ses décisions. La NFU exhorte donc le gouvernement fédéral à garantir que la Commission canadienne des grains et les autres régulateurs compétents disposent d’une capacité et d’une autorité accrues pour protéger les intérêts des agriculteurs face à la domination de Bunge dans notre secteur des grains.
Contexte :
- La fusion Bunge-Viterra a des implications drastiques pour les agriculteurs canadiens, 27 juin 2023
- Les agriculteurs perdraient des centaines de millions de dollars si la fusion Bunge-Viterra était approuvée, 29 mai 2024
- L’accord Bunge-Viterra souligne la nécessité d’une nouvelle approche pour les révisions des fusions, 3 septembre 2024
- L’impact économique de la fusion proposée Bunge-Viterra (BV) sur le secteur des grains dans l’Ouest canadien : une évaluation préliminaire de Gray, Nolan & Slade. Le soutien à la recherche pour cette étude a été fourni par l’Association des producteurs agricoles de la Saskatchewan (APAS), Alberta Grains, la Commission du développement de l’orge de la Saskatchewan et la Commission du développement du blé de la Saskatchewan.
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